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 L'Orient-Le Jour, 2018-08-17

Un « Elias Moukheiber Institute for Lebanon », pour « perpétuer la politique dans son sens noble »

Il n’est pas dit que toutes les figures politiques libanaises suivent un parcours controversé, voire suspect. Bien au contraire. Certaines parviennent, par leur rectitude, leur intégrité et surtout leur dévouement, à donner à la chose publique ses lettres de noblesse. Elles laissent donc derrière elles un vide béant.  C’est dans cette catégorie d’hommes politiques exemplaires et exceptionnels qu’il conviendrait de placer Élias Moukheiber, brillant avocat qui a farouchement lutté pour le Liban incarné par la révolution du Cèdre, dans le cadre de l’alliance du 14 Mars. 

Ce n’est pas par hasard que Moukheiber – décédé il y a un an au terme d’une lutte acharnée contre la maladie – est devenu synonyme d’intégrité, de rectitude et de courage. Il est le neveu du Dr Albert Moukheiber, un géant de la politique libanaise, disparu en 2002. Le « Vieux Lion de la Montagne » était donc le modèle politique à suivre pour Élias Moukheiber. Il en a hérité les valeurs, voire les vertus, qui manquent terriblement au tableau politique actuel du pays du Cèdre. À cela s’ajoute, notamment, l’indépendance par rapport à tous les partis politiques. Il n’en reste pas moins que cet homme d’aucun drapeau a mené ses luttes pour un Liban souverain et indépendant sur les campus libanais, français et suisses, où il a fait des études de droit, de sciences politiques, de gouvernance et d’économie. C’est donc tout naturellement qu’il s’est vu entrer dans le camp du 14 Mars. Et c’est dans ce même cadre que s’inscrivent ses tentatives de faire son entrée au Parlement. 

Soucieux d’assumer la postérité de la ligne politique du « Vieux Lion de la Montagne », Élias Moukheiber se porte candidat à l’un des sièges grecs-orthodoxes du Metn-Nord aux élections législatives de 2005, face à la liste parrainée par le Courant patriotique libre, sans succès. Une expérience qu’il répétera en 2009. Mais il ne parvient pas à remporter la bataille face à son cousin Ghassan Moukheiber (proche du CPL) et à Michel Murr, à la présence politique traditionnelle et incontestable au Metn. En dépit de ces deux défaites, Élias Moukheiber poursuit courageusement son combat politique aux côtés d’autres icônes du 14 Mars, notamment Samir Frangié, perçu comme le penseur de l’intifada de l’Indépendance. Un courage qui s’est illustré dans une allocution qu’a prononcée Moukheiber lors du congrès du Rassemblement de Saydet el-Jabal en 2011. C’était l’occasion pour cet avocat humaniste de réitérer son refus de la théorie de « l’alliance des minorités » que défendent les partisans de l’alliance avec le régime syrien. « Nous ne voulons la protection de personne, que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur. Nous restons attachés à notre appartenance à un État civil, qui est la seule garantie certaine (…) », avait-il dit. « Moukheiber était convaincu que la vie chrétienne en Orient n’implique ni peur ni logique minoritaire », explique à L’Orient-Le Jour Antoine Courban, professeur universitaire et grand ami de l’avocat. « En politique, le citoyen est libre. Il n’est pas là pour obéir à l’Église qui n’a rien à dire dans ce domaine », ajoute-t-il. 

« EMIL » pour infléchir le cours des choses 
Afin de perpétuer le souvenir de cet homme et les valeurs qui guidaient son action politique, sa famille et ses compagnons de route, dont notamment le ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi, lancent ce soir l’« Elias Moukheiber Institute for Lebanon » (EMIL). À L’OLJ, Samir Moukheiber, fils d’Élias, explique qu’il s’agit d’un cénacle qui aura pour tâche de se pencher sur les grands dossiers de la vie politique, au moyen de forums et de conférences. « Le travail théorique sera suivi d’une sorte de lobbying pour infléchir le cours des politiques publiques dans le sens de l’édification d’un État moderne », ajoute-t-il. « C’est une façon pour nous non seulement de garder vivace le souvenir d’Élias, mais de perpétuer la politique dans le sens noble qu’il incarnait », poursuit-il. Contacté par L’OLJ, Melhem Riachi met l’accent sur cette « noblesse » d’Élias Moukheiber. « Lui et moi appartenons à l’école de la démocratie et du respect de l’entité humaine, qu’incarnait le grand Albert Moukheiber », ajoute-t-il, saluant la lutte de l’ancien militant 14-marsiste en faveur de la souveraineté et de l’indépendance du Liban. « Nous sommes sûrs qu’aux côtés des grands du Liban, tu protèges ce pays, un véritable paradis sur terre », ajoute M. Riachi à l’adresse de son ami.

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