News

Home    /    News    /    Appel d’un collectif de la société civile aux organisations internationales : Protégez les Libanais !

 lorientlejour.com, 2021-02-08

Appel d’un collectif de la société civile aux organisations internationales : Protégez les Libanais !

Les signataires redoutent une poursuite des actions criminelles et répressives contre les intellectuels et les journalistes.

Le groupe de la Charte de salut national a lancé un appel aux organisations internationales directement concernées par les questions des droits de l’homme pour leur demander d’adopter « sans tarder » les mesures qu’elles voient nécessaires afin de « protéger le peuple libanais contre une répression qui prend plusieurs formes ».

L’appel formulé dans une lettre adressée aux dirigeants des Nations unies, de la Ligue arabe et de l’Unesco, a été signé par plusieurs partis et collectifs de la société civile ainsi que par des Libanais de tous bords.

Il intervient à la suite de l’assassinat de l’activiste politique et écrivain Lokman Slim, pour mettre en relief les dangers qu’encourent au Liban tous ceux qui émettent des opinions « qui dérangent », et accuse l’État de « s’associer au processus d’empiètement sur les libertés des citoyens, ce qui contribue à favoriser un climat facilitant les attentats ».

Parmi les signataires, les partis et les groupes suivants : Kataëb, Tajaddod, le mouvement de l’Indépendance, Aamiyat 17 Techrine, Les blouses blanches, Thawra Unsa (La révolution est une femme), Pyramid, Ana Khat Ahmar, le Front civil national, La troisième République, Zghorta Zawyé Tantafed (Zghorta Zawyé se révolte), Thouwar Qabdat Techrine, le Front du 17 octobre, la Rencontre d’octobre, Taqaddom, Rebels, Platform One, La troisième voie au Liban, Journalistes contre la violence et l’Institut Élias Moukheiber pour le Liban.

Un lien a également été créé sur Change.org pour accueillir les signataires.

Voici du reste la lettre adressée aux organisations internationales :

« M. Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, Mme Barbara Woodward, présidente du Conseil de sécurité, M. Ahmad Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, Mme Audrey Azoulay, secrétaire générale de l’Unesco, Mme Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l’homme,

« Les signataires de cet appel s’adressent à vous au lendemain de l’assassinat du militant politique et éditeur Lokman Slim, dans un nouvel attentat contre la liberté d’expression et d’opinion au Liban. Ce crime est un maillon qui vient s’ajouter à la longue liste des attentats et des tentatives d’assassinat qui ont ciblé des journalistes et des leaders d’opinion depuis 2005, dans un déni total des principes du droit et de la lutte contre l’impunité. Cela incitera sans nul doute les forces obscurantistes à poursuivre leurs actions criminelles et répressives contre les droits de l’homme en général et contre les intellectuels et les journalistes en particulier.

« Le plus grave dans ce dernier assassinat est qu’il intervient après plusieurs campagnes de violences morales, d’accusations de traîtrise et d’intimidation visant quiconque émet librement son avis (…). Ces campagnes pavent la voie à des violences physiques et à des attentats. D’ailleurs, Lokman Slim les avait pointées du doigt sans ambages, puisqu’il en avait été victime. Il en avait épinglé les auteurs dans un communiqué qu’il avait publié en 2019 », poursuivent les signataires.

Implication de l’État

« Nous ne pouvons que demeurer interloqués face à l’inaction de l’État libanais, de ses institutions et des pouvoirs publics, pour garantir les droits les plus élémentaires des Libanais en matière de protection. Au contraire, l’État est très souvent impliqué dans le processus d’empiètement sur les libertés des citoyens, ce qui favorise un climat de laxisme, facilitant ainsi les attentats », relèvent les signataires avant d’ajouter : « Il est grand temps de réviser les programmes internationaux de soutien et d’évaluer la performance – et l’inaction – des institutions de l’État en contrepartie de toutes les aides obtenues, dans le passé et à l’avenir, et qui sont accordées par des pays amis du Liban. »

« Plus encore, cet attentat survient à un moment où la justice stagne dans l’enquête censée révéler les responsables de l’explosion au port de Beyrouth et dans l’audit juricomptable censé révéler les rouages de l’opération de vol à grande échelle, sans compter tous les efforts menés par le pouvoir en place pour opprimer le peuple libanais sur les plans politique, économique, financier, social et sanitaire.

« Voilà pourquoi nous vous adressons cet appel dans lequel nous demandons l’adoption de toutes les mesures immédiates et nécessaires pour protéger le peuple libanais contre ce qui lui est infligé. Nous pensons particulièrement aux meurtres, à l’intimidation physique et morale et à la répression dont font l’objet ses intellectuels, ses journalistes, ses militants et tous ceux qui revendiquent de vivre dans un État de liberté, de souveraineté et de droit, un État civil qui s’abstient de toute discrimination entre ses citoyens, tous ceux donc qui veulent vivre dans la dignité, seule garante du respect de soi et de la différence de l’autre », concluent les signataires.

View original article